LE VIVANT
adaptation de Anne Kawala
France
La douleur c’est un corps. C’est un lieu. C’est dans ce qui fait groupe. Comment tout recommence. Au centre. Une goutte. Corrode au centre ça se noue. C’est un nœud. Cheveux emmêlés. Concrétion calcaire. Déchets alimentaires. Tout à l’égout, station d’épuration, rivière, mer, nuage, source, pompe, château d’eau, tuyauterie, robinet. Goutte. Indivisible divisée. Nuage. Orage. Sa moitié dans. Ce n’est plus l’arbre foudroyé c’est scierie, scier, l’écorce écorcée, jetée, tout instant, tout fragment de l’espèce récupérée. Valeur valorisée. Un filet dans un fleuve dans un filet où tout est attrapé. Être vivant. Être mort et objet. Vivant gerce, c’est vit encore. Espère. Espère des êtres vivants l’éternité c’est encore le présent, toujours un événement.
Nœud et concrétion, une frém-fractale végétale dans les déchets alimentaires, un compost, mille micro-organismes et ses secrets vivants, plonge. Hors hors sol, se nourrit, s’ancréseau. Et l’eau. Goutte. Indivisible divisée. Veut faire naître. Ailleurs. Déplier, déployer, leibnitzer deuleuzant, plis après plis, spine après spine, ose nature, autre et tout. Plans, plateaux, tours à roulettes face à la prédation. Que faire de tout cet abandon, si près du corps, faisant image?
Riche d’une terre noire, frémit frém-fractale. C’est son travail. Sous la pluie. Dans la boue. Mémoire nautile, frémir et trembler par la patience du vent. Presque s’érodant. Où les failles? Où l’eau pénétrera? Par son poids au corps poreux apporté quand le déchirera? Claire et compacte, la pluie. Frémir, tremble vire, vite vibre, creuse. Creuse sans savoir. Creuse la terre noire. Creuse seule la frém-fractale, sans attendre. Seule avec la pluie. Le soleil la solitude n’attend pas.
Au travers du filet. D’autres corps vivants. D’autres douleurs. Creuse nocturne. Creuse. Dans le corps. Chair noire et meuble du corps plantée d’arbres et de hauts cris. Chair pèse. Pèse lourde la chair. Chair vers chair, s’étirent, s’étendent. Nos pauvres nous creusent; on creuse. Creusons profond. Au cœur de la terre noire la chair est faite de ronces. Dans les ronces des sarcoramphus. Effrayantes poules mouillées.
Dans la source, un nœud. Dans l’écheveau de cheveux emmêlés, il fait jour. Dans la chair, les terres brûlent, technique guerrière, effort hors-sol de la douleur qui extrait. Ni les cendres ni les sparkle spore de frém-fractale ne tapissent la gorge, ce n’est pas encore déjà soif à crever. Dans l’écheveau de cheveux emmêlés, le jour. Des mémoires nautiles et éoles des frém-fractale s’écoulent eau, eau, chant, solitude, eau, possible du non-vivant.