naître commence sans votre visage

peuple impur
coupable
au destin tracé de sang
soldé par un matin rouge
c’est la lenteur de l’Histoire installée en nous
il y a tant de cercles dans nos gestes
si peu de départs
si peu d’arrivées
nos tragédies connaissent le compas
nos mots sucent l’ombre des jours

et tout recommence
et se ramasse en petits tas d’espoir
il faudra bien qu’un visage vienne
pour rendre au sel
nos corps étroits et trop clairs

quand vous ferez boucherie et quart d’huile
quand vous ferez famine
quand tout sera sale et accepté
nous ne détournerons pas le regard
nous sommes le territoire de la peste
et notre chant nous le gardons
pour le dernier jour de la terre

il y aura d’autres poings que les vôtres
pour nous nommer

 

➤ Carl Lacharité, 27 septembre 2017

 

© photo :  Jean-Yves Fréchette